Derrière l'écran
Derrière l'écran, il y avait moi. Il n'y avait pas de lumière, mais ce n'était pas obscur non plus. Il y avait simplement moi, debout. De derrière l'écran, on aurait pu me voir parfaitement. Cet écran d'ordinateur qui me fixait, qui me jugeait, mais qui en même temps m'offrait les notes de cette musique qui donnait à cette pièce une atmosphère calme, une atmosphère de paix...
Derrière l'écran, il y avait moi. Si quelqu'un m'avait vu à ce moment là, je ne pense pas que cette personne aurait été capable de dire à quoi j'étais en train pensais. Mes yeux était éteints et vides, mon regard n'arrivait plus à se fixer et mon corps semblait ne plus vouloir me porter. Je me suis retrouvé devant mon lavabo, devant mon miroir. Je n'étais plus que le reflet de moi-même... J'avais réussit à me perdre définitivement, à ne plus me reconnaitre.
Derrière l'écran, on ne voyait qu'une chambre vide. J'étais parti dans la salle de bain et du coup je n'étais plus visible. En fait si personne n'aurait pu dire à quoi je pensais, c'est simplement que je ne pensais à rien. On dit que c'est impossible, qu'on pense toujours à quelque chose. Et bien je sais maintenant que c'est faux, que c'est tout à fait possible... Que quand on a atteint un stade de non retour, un stade où on décide de s'arrêter, on ne pense plus à rien. On voit, on entend, on respire, mais on ne pense plus. Un peu comme si le cerveau se préparer déjà à la suite...
Derrière l'écran, on ne voyait toujours pas ce qui se passait. Comme si j'allais garder ce moment uniquement pour moi, les derniers moments de ma vie pour moi tout seul, partager ce moment d'intimité entre moi... et moi-même. Alors mécaniquement, alors que tout était prêt, j'ai effectué les gestes, c'était très lents mais incroyablement ordonné. Comme si j'avais fait ça toute ma vie... Une bouchés de médicaments délicatement coupés en morceau, suivit d'une gorgée de vodka. Une bouchée, une gorgée... Une bouchée, une gorgée... Et le pire dans tout ça, c'est que j'avais le sourire aux lèvres...
Derrière l'écran, j'avais réapparus. Je savais qu'il fallait que je me dépêche, que désormais le temps serait contre moi. Que le compte à rebours avait commencé. Alors j'ai prit mon téléphone portable, et j'ai envoyé en différé les messages que j'avais écrit pour chacun des gens que j'aime une heure auparavant. Je savais très bien que mon plan était infaillible... Lorsqu'ils liraient les messages, si certains se doutaient et faisait quelque chose, il serait trop tard. Et c'était très bien ainsi...
Derrière l'écran, j'avais à nouveau disparu. Je ne devais plus réapparaitre, du moins pas vivant. Alors je me suis allongé sur le lit. Je sentais que mon corps s'endormait. Je sentais que ce que je voulais était en train de se passer... Alors avec cette belle musique derrière, j'ai commencé à rêver. Je n'était ni réveillé, ni endormi, c'était un autre état indescriptible. J'ai pensé à mes proches, et je me souviens que j'ai un peu rit en pensant aux choses merveilleuses qu'on avait vécu ensemble. C'était de belles pensées... J'ai pensées à ces personnes décédées avant moi, en me disant que voilà, ça y est, j'y vais à mon tour.
Derrière l'écran, on pouvait apercevoir que le jour était en train de se lever. Et l'on devait m'entendre aussi... Parce que le calme qui c'était emparé de moi me quittait... J'avais froid sous mes ouvertures, puis d'un seul coup je transpirais tellement j'avais chaud... J'avais l'impression que ma tête allait explosé et que mon ventre allait implosé. Non, ce n'était pas possible, il fallait que ça se termine maintenant, ça prenait trop de temps et je souffrais trop, vivement la fin, aller s'il vous plait... Et je n'ai pas pu me retenir, j'ai senti la nausée venir, j'ai rampé jusqu'au lavabo et j'ai vomi, vomi... Finalement l'écran m'avait vu passer une nouvelle fois...
Derrière l'écran, on m'a vu repasser jusqu'à mon lit. Les heures était passer, et j'avais vomi, ce qui n'était pas prévu dans mon programme... Du coup, cela ne fonctionnerait peut-être pas, et certains donneraient peut-être l'alerte. Ca ne pouvait pas se passer comme ça, c'était pas possible... J'ai entendu mon portable sonner... J'ai vu les prénoms s'affichait. Certains avait eu les messages. Certains avait compris. C'était finit. J'ai voulu ouvrir la fenêtre et me jeter par dessus... Du huitième étage, ça ne pouvait plus manquer. Mais les forces me manquaient... Alors je n'ai réussit à qu'à sortir de ma chambre en rampant et à me cacher dans la cage d'escalier. Et là, je ne me souviens de presque plus de rien...
Je ne vois que quelques images... Du sang sur mes poignets... Des pompiers qui me tienne pour que je ne bouge plus... Leurs voix me menaçant de me mettre les menottes si je n'arrête pas de me mordre les bras... Je sais que je ne suis plus moi-même, drogués par tout ce que j'ai ingurgité. Je sais également qu'ils vont réussir à me sauver et que j'en ai pas envie. Je sais que j'ai tout rater, et je me dis clairement qu'en plus de rater ma vie, je suis également capable de rater ma mort...
Derrière l'écran, il y avait moi. Il y avait ce moi désespéré, malheureux, triste, ce moi qui souffrait tellement, ce moi à qui je voudrais tendre la main désormais, ce moi que je ne suis plus... J'ai entendu tellement de choses sur cette journée. Mais au fond moi seul sait ce qu'il s'est passer. Et ce qu'il s'est passer, 9 mois plus tard, j'arrive à l'écrire, j'arrive à exorciser, j'arrive à en parler. Même si personne ne sera jamais dans ma tête je sais que vous seul, qui avait l'adresse de ce blog, vous saurez le lire... Mais surtout lire à travers les lignes et comprendre. Pourquoi écrire tout ça et le détailler... Parce que j'en avais besoin, pour définitivement tourner la page et désormais regarder devant, cet avenir qui désormais m'ouvre les bras et met sur mon chemin des moments merveilleux et des personnes formidables... Qui m'ont offerts ce qui m'avais toujours manqué: la joie de vivre.